Marcel Proust est un monument. C'est vraiment dommage pour lui. A part la petite madeleine, qu'est-ce qu'on sait en général de lui? - d'ailleurs, en clin d'oeil, je me suis spécialisée dans les madeleines mais c'est une autre histoire...
Un monument alors que ce que lui, il voulait, c'était qu'on vende ses romans dans les gares pour que les gens puissent le lire dans le train...
J'aurais pu passer à côté de La recherche, c'est sûr - et puis, dans mon livre de français, il n'y avait que la petite madeleine. Une cousine qui l'avait étudié m'avait dit que c'était vraiment très bien, ce qui m'avait donné envie de le lire. Mais j'étais intimidée quand même. Alors, quand un ami m'a conseillé de commencer par Un amour de Swann, parce que c'était plus facile, j'ai commencé par là. Et je le dis tout de suite : ce n'est pas un très bon conseil. Ce n'est pas mon passage préféré de La recherche et surtout, je trouve que ça ne donne pas une très bonne idée du reste du/des livre(s).
Un ou plusieurs livres, d'ailleurs? Un peu des deux. Tout se suit, tout est cohérent mais on peut très bien prendre l'histoire à un bout et l'apprécier tout autant. Moi, par exemple, mon vrai début dans La recherche, c'était La Prisonnière, un des derniers tomes et aussi une formidable histoire d'amour et de jalousie.
Je l'avais choisi un été en vacances, parce que c'était le seul livre de Proust qu'avait mon libraire - et un roman de Proust dans la librairie de l'allée marchande qui mène à la plage, à côté des cartes postales... on est pas très loin de la librairie de gare, donc ça devait être un bon endroit pour découvrir Proust !
La première phrase m'a tellement plu que je l'ai lue plusieurs fois. C'est beau... et tellement vrai. Vous l'avez sûrement vécue, vous aussi, de vous réveiller le matin et, encore sous la couette, d'entendre les bruits de la rue et de vous dire rien qu'à la manière dont ils résonnent : "tiens, il pleut". - Mais il le décrit bien mieux que moi, bien sûr !
Petite chose sans importance mais qui fait penser en la lisant : "oui, c'est vrai, c'est exactement ça."
Ce que j'aime chez Proust, c'est ça : La Recherche, c'est la vie. Les personnages, on a l'impression de les connaître, et parfois, comme dans la vie, on en croise un dans un tome sans y prêter attention et on le découvre tellement différent plus tard de cette première impression que ça pourrait être une autre personne...
Et tout cela est souvent drôle, comme les stratagèmes inventés par monsieur et madame Verdurin pour être celui qui rit le plus des plaisanteries de leurs invités (victoire par ko de madame Verdurin) ou attendrissant, comme la bonne Françoise qui demande au boucher du jambon de New York...
Bref, j'aime Proust... et il est difficile de le raconter en peu de mots, mais ça doit être normal !
... et pour ceux qui seraient toujours intimidés par le monument, il existe une merveilleuse adaptation en bande-dessinée qui en restitue complètement l'ambiance, par Stéphane Heuet.