La différence entre un gilet et un pull, c'est que le gilet est ouvert et le pull est fermé (ça, c'est le genre de déclarations que me fait miss Choupinette au petit déjeuner, je crois qu'elle déteint sur moi). Normalement. Parce que les islandais ont une technique un peu différente pour arriver au résultat.
L'islandais, d'après ce que j'ai lu, n'aime pas trop faire des mailles envers (et c'est pas le seul, avouez-le). Donc il tricote son gilet en jersey tout en maille endroit, en rond, comme un pull, sans coutures et à la fin, il le découpe.
Quoi ??? Découper son pull ???
C'est la méthode que j'ai découverte en tricotant mon premier gilet Olga. Avouons-le, je n'en menais pas large et j'ai un peu beaucoup hésité avant de sortir mes ciseaux... en plus, au lieu de commencer sur un petit bout d'échantillon pour voir, je l'ai fait direct sur un gilet en 8 ans (tant qu'à faire). Depuis, j'ai récidivé et finalement, ce n'est pas si horrible-terrible que ça (et comme l'indiquent plusieurs tutos sur le net, même pas besoin d'alcool pour y arriver... vaut sans doute mieux éviter d'ailleurs, ou alors garder le petit coup pour après pour se remettre !).
Le steek consiste donc à découper le devant de son pull pour en faire un gilet. Pour cela, une ou deux mailles sont tricotées à l'envers à chaque tour, sur le devant, à l'emplacement où sera la future ouverture (ces mailles sont "en plus" et ne sont pas comptées dans le nombre de mailles du modèle). Personnellement, je préfère mettre deux mailles, ça laisse plus de place pour la couture et la découpe après.
Une fois le gilet tricoté, on obtient quelque chose comme ça.
Ça, c'est la photo du premier gilet prise pour l'immortaliser au cas où il se détricoterait complètement au découpage. ;)
On devine la ligne formée par les deux mailles envers du milieu. La capuche est encore sur l'aiguille, sous forme d'un tube (c'est un peu une spécificité du modèle Olga).
Tout le but du jeu va être de découper sans que tout se défasse. Là, les islandais ont un avantage : ils ont de la laine lopi, une laine spéciale (parce que provenant d'une race de moutons spéciale, particulièrement rustique) qui n'a pas envie de se détricoter - les fils s'accrochent bien entre eux, c'est une sécurité. La laine shetland (rustique aussi) semble avoir les mêmes propriétés et d'ailleurs, ils pratiquent aussi le steek. D'après ce que j'ai lu, avec ce genre de laine, on pourrait découper "sauvagement" comme ça. Pour être honnête, j'ai pas trop envie d'essayer.
Pour ne pas que ça se détricote, on va bloquer les mailles tout au long de l'ouverture (donc des mailles envers centrales), de chaque côté. Pour cela, il existe au moins deux méthodes (je sais qu'Hélène Magnusson en enseigne plus que ça mais je n'ai pas eu la chance d'assister à son cours sur le sujet) :
- on fait deux coutures à la machine à coudre (une de chaque côté de l'ouverture) et on coupera entre les deux, comme indiqué dans le tuto du site d'Hélène Magnusson ; c'est la méthode du gilet Olga ou du gilet Brynja,
- on crochète sur deux lignes (une de chaque côté toujours) et on coupera entre les deux, comme montré par Kate Davies sur son blog ; je n'ai pas essayé cette méthode mais elle me tente bien !
Une fois les mailles sécurisées, découper aux ciseaux est vraiment un jeu d'enfant ! Il est conseillé, quand c'est possible de laver le pull/gilet avant de couper pour que les fils accrochent mieux entre eux (quand c'est possible parce que ça ne l'est pas pour Olga, qui est toujours sur les aiguilles au moment de la découpe).
Je n'ai pratiqué que la méthode avec couture à la machine à coudre, c'est là que je peux partager mon expérience. H.Magnusson conseille de coudre sur l'envers, pour mieux voir les mailles ; pour la partie jacquard, cela veut dire qu'on a fait passer le fil constrastant devant les mailles envers centrales... sinon, le pied de biche accroche les fils et se bloque dedans, c'est super pénible à coudre ! J'ai fait avec cette astuce pour mes deux derniers gilets Olga... et je suis mitigée. L'étape de la couture me semble toujours assez compliquée alors que finalement, ce n'était pas pire pour le premier en piquant sur l'endroit, bien à ras de la partie jersey... A vous de voir !
Une fois le gilet ouvert, il reste plein de petits fils qui dépassent... C'est normal ! Il faut faire maintenant une jolie bordure à votre gilet. Plusieurs solutions possibles : crocheter une bordure (sur Olga), relever des mailles pour tricoter une bande de boutonnage (sur Brynja) ou faire une bordure "sandwich" (méthode de Kate Davies, que je n'ai pas testée).
On n'oublie pas de crocheter ou de relever le nombre de mailles indiqué sur le modèle (typiquement 2 sur 3) et pas toutes les mailles comme je l'ai fait pour le premier gilet, en pensant que ça aiderait à tenir : de toutes façons, ça tient et en plus, ça ne donne qu'une bordure qui gondole ensuite puisqu'elle est plus longue que le devant du gilet !
Une fois que la bordure a été crochetée et que le gilet a été lavé, on peut couper sans crainte les petits fils qui dépassent. Et tout ça pour obtenir...
Phénomène bizarre, la hauteur du gilet varie après le lavage/blocage (enfin, ça, ça doit être parce que je ne l'ai pas bloqué aux mesures mais de manière simple ?). En tout cas, je vous conseille d'acheter votre fermeture éclair seulement après le premier lavage, pour être sûre que la longueur achetée est la bonne. Pas de souci pour les lavages suivants, la fermeture étant fixe, ça vous permet de remettre le gilet bien en place. ;)
En théorie, on peut utiliser le steek sur n'importe quelle laine, pas seulement la laine islandaise. Et j'ai bien envie de la tenter sur un autre type de laine, pour voir (et avoir un rendu différent). D'après ce que j'ai lu, il vaut mieux alors utiliser la méthode des coutures machine parce qu'en cousant à petit point, chaque maille est maintenue par plusieurs points et risque moins de "glisser". Si je tente, je vous raconterai... mais je commencerai par un petit échantillon, cette fois !