Et si on (re)parlait un peu de livres?
Celui-ci, je n'en reviens pas de ne pas en avoir déjà parlé... Pourtant, je l'ai lu plusieurs fois déjà, c'est un livre qui m'a beaucoup marquée et que j'ai surnommé "le livre qui rend
meilleur"...
Pourtant, je n'aime pas trop les grands voyageurs, en général, le côté "je suis trop fort, j'ai fait ça et ça et ça, et je suis allé tout autour du monde, etc". Ca me fait toujours penser au film Il est plus facile à un chameau (je ne sais pas si vous l'avez vu?) dans lequel l'un des personnages rentre d'un tour du monde et raconte d'un ton blasé : "je l'avais déjà fait dans l'autre sens... c'était mieux, dans l'autre sens, d'ailleurs".
Moi, mon truc, ce serait plutôt voyage intérieur et immobile, contempler mille fois le même paysage et découvrir quelque chose qu'on n'a pas encore vu...
Bref, je n'étais pas forcément prédestinée à tomber dans Africa trek et encore moins à l'aimer... Quelques photos dans un magazine m'ont pourtant donné envie d'en savoir plus, des photos qui mettaient en scène les gens rencontrés par les auteurs au fil de leur route.
Et voilà, en fait, c'est ça qui change tout. Les gens. Sonia et Alexandre Poussin sont partis à pied pour traverser l'Afrique, juste avec leurs sacs à dos, pour aller lentement et rencontrer les gens. Et ces rencontres sont étonnantes. Souvent, on leur a dit de ne pas aller à tel ou tel endroit, parce que c'était dangereux ou qu'ils seraient mal reçus. Ils ont rencontré des gens biens partout. Un soir, ils dormaient chez un riche sud-africain avec sa maison huppée et sa piscine, le lendemain chez des ouvriers dans un dortoir, avec chaque fois des échanges, du partage... Leurs interlocuteurs finissaient par leur dire qu'ils connaissaient leur pays de l'intérieur, que cette connnaissance étaient précieuse.
Une expérience qui donne envie de faire confiance aux autres, de s'ouvrir, d'échanger.
Oh, ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas eu de mauvaises expériences, que ça n'a pas été difficile. Il y a eu des endroits où ils se sont vraiment heurtés à de l'hostilité - l'exception, pas la règle. Mais bon, ça montre que ça existe, aussi. Mais ce n'est sans doute pas une raison pour s'enfermer dans la méfiance pour tout, pour tous... Et bien sûr aussi, ils ne devaient pas être une cible idéale pour des voleurs, parce qu'ils n'avaient pas grand chose avec eux. Bien sûr...
Mais ça donne envie d'y croire, de plonger dans l'optimisme aussi...
Il faut dire aussi qu'ils ne sont jamais dans l'auto-contemplation ou l'exploit sportif. Leur expérience est ailleurs, pas dans le "on est les plus forts, on est les premiers à avoir fait ça", qui enfermerait plus qu'autre chose d'ailleurs - parce que bon, après avoir traversé l'Afrique à pied (en trois ans, tout de même), ils auraient fait quoi?
Je crois que le "retour à la vie normale" est aussi important que l'exploit, dans ce genre d'expérience, parce que c'est ce qui montre ce qu'on a appris, comment on a grandi en le faisant. Sinon, ce n'est plus une expérience initiatique - et un exploit, s'il n'est pas initiatique, est-ce qu'il sert à quelque chose?
Je ne partirai pas à pied traverser l'Afrique, j'en suis bien incapable pour tout un tas de raisons... Mais, parfois, cela m'a incité à regarder différemment mes voisins de métro ou de train, et c'est vrai qu'avant ou après ce livre, j'ai fait de jolies rencontres dans le train ou le métro...
Africa trek, de Sonia et Alexandre Poussin, pour traverser l'Afrique avec eux en y faisant de belles rencontres et en s'ouvrant aux autres... Et l'occasion d'en parler, c'est qu'un autre livre d'Alexandre Poussin vient de sortir, où il parle de son expérience et de sa "philosophie" de la marche, ça s'appelle "Marche avant" et je suis en train de le lire alors j'en parlerai plus tard, sans doute !
